Une idée tout droit sortie des poubelles !

Au début de 2016, mon ami Thibault Renouf et moi, on a quitté nos emplois respectifs. On avait envie d’avoir plus de sens, d’être connectés à nos valeurs. En tant qu’amoureux des aliments, on s’est mis à réfléchir à comment on pourrait participer à rendre notre système alimentaire plus résilient. En échangeant, on finissait toujours par parler de gaspillage alimentaire autour d’un café. On se demandait quoi faire pour réduire cette problématique.

Lors d’un matin ensoleillé à la fin d’octobre 2016 (je m’en souviens comme si c’était hier), lorsqu’on prenait un café sur la terrasse de Thibault, tout bonnement une idée lui est venue: il m’a lancé le défi de cuisiner un repas gastronomique à partir de déchets (d’épiceries). Je ne vous cacherai que sur le coup, je lui ai dit: « Ark ! Dégueulasse ! Ça ne me tente pas de faire ça. »
Cependant, Thibault savait très bien que j’aime les défis. Au fil de ma carrière en cuisine, j’ai participé à une grande quantité de compétitions culinaires, dont la saison 1 de l’émission Les Chefs ! à ICI Radio-Canada que j’ai remportée. Alors, en jouant la carte du défi, en 5 minutes, il m’a convaincu. La semaine suivante, avec une dizaine de personnes, nous nous sommes littéralement jetés dans des bennes à ordure derrière des épiceries.

Lors de cette aventure, on savait qu’on allait y trouver une grande quantité de nourriture. Toutefois, ce qui nous a surpris: c’est la qualité de cette nourriture. On parle ici de poires gorgées de sucre, des belles tomates rouges bien mûres, des pommes croquantes, etc. À la découverte de cette qualité, on ne pouvait pas rester insensible. La semaine suivante, lors d’un petit bilan informel autour d’un autre café, vu que nous sommes des personnes collaboratives et positives, sans trop se poser de question, on s’est dit: allons faire imprimer une carte d’affaires bidon au centre d’impression au coin de la rue et allons à la rencontre des commerçants(es) pour mieux comprendre leur réalité.


Cette journée-là, sans rendez-vous, nous nous sommes invités chez des épiceries pour échanger avec des employés(es) et des propriétaires pour savoir ce qu’ils avaient essayé dans le passé pour réduire leur gaspillage et qu’est-ce qui les empêchait de réduire plus celui-ci. C’était comme un jeu pour nous. On passait d’un commerce à l’autre en testant des mots et en regardant le non verbal des différents interlocuteurs lorsqu’on échangeait avec eux. On a appris beaucoup en peu de temps.
Rapidement, avec notre approche positive (qui fait toute la différence), les commerçants se sont ouverts à nous. Ils ont senti qu’on était sincère et qu’on ne les jugeait pas. Ils nous ont partagé qu’ils veulent réduire leur gaspillage, mais que ce n’est pas simple. On y a vu une opportunité formidable de collaborer avec les épiceries pour les aider à réduire leur gaspillage.

Sans le savoir, le défi lancé par Thibault fut l’étincelle de départ pour créer l’OBNL La Transformerie. Une idée tout droit sortie des poubelles ! Peu de temps après, deux amis, Bobby et Marie, se sont joints à nous pour alimenter les réflexions et l’organisme a vu le jour le 17 juillet 2017.
Co-initateurs de La Transformerie (crédit photo : La Transformerie)
Dans le but de valoriser la qualité que nous avions vue dans les poubelles, au cours des deux années suivantes, en alliant les principes de l’économie circulaire avec mon savoir-faire culinaire, nous avons développé notre premier projet: Les Rescapés. Par la fabrication de délicieuses tartinades, marmelades et sauces en conserve avec des fruits et légumes rescapés localement chez des épiceries partenaires de l’arrondissement de Rosemont-La Petite Patrie sur l’île de Montréal, depuis mai 2019, nous sensibilisons les commerçants(es) et le grand public à la qualité des invendus d’épiceries.

Petite anecdote, un des premiers commerçants à avoir goûté à notre marmelade d’agrumes m’a avoué plusieurs mois après se lever la nuit pour finir son pot avec son doigt. En date d’aujourd’hui, nous avons rescapé plus de 100000 kg d’invendus et produit un peu plus de 39000 pots.

Ce que je trouve le plus intéressant avec le projet Les Rescapés, c’est qu’on prend un aliment qui était vu avant comme un déchet et on en fait quelque chose de positif, de délicieux. On change l’angle de caméra. À la place de voir le tout de façon négative, on profite de l’opportunité avec le parfait mûrissement des fruits et légumes pour conserver ce moment optimal dans les conserves.

Cette idée, si on la transpose à la maison dans le cadre du Défi Vide-Frigo, c’est pareil. C’est valoriser ce qu’on aurait jeté à la poubelle (ou à la collecte des matières organiques) en changeant l’angle de caméra avec des trucs et des outils simples que nous partagerons avec vous tout le mois de janvier.
Visitez les pages Facebook et Instagram de La Transformerie ainsi que celles de Florence-Léa Siry durant le Défi Vide-Frigo pour vider votre réfrigérateur dans le plaisir.
Aussi, rejoignez-nous lors de notre live Facebook le 15 janvier à 10h pour notre brunch virtuel. On vous promet de belles surprises et on a hâte de vous voir. Sur ce, bon début de défi !

– Guillaume Cantin, directeur général et co-initiateur de La Transformerie