« La fraîcheur », de kessé ?

Tout comme moi, je suis sûr que vous entendez fréquemment le mot fraîcheur lorsqu’il est question d’aliments. À chaque fois, mes oreilles sursautent. Je me demande qu’est-ce que c’est réellement « la fraîcheur ». Comment déterminons-nous «la fraîcheur » d’un aliment ?

En 2018, dans le cadre d’une étude sur le gaspillage alimentaire (voir p.44) que La Transformerie a initiée, nous avons pu constater que « la fraîcheur » est une construction qui n’est pas simplement basée sur des éléments objectifs comme la date de conservation, qu’on surnomme souvent la date «Meilleur avant». C’est aussi basé sur les préférences culturelles et personnelles sans être tout le temps rationnel. La notion de fraîcheur a un grand rôle à jouer au niveau du gaspillage alimentaire.

Au sein de cette étude, un sondage mené par Protégez-Vous auprès des consommateurs nous a permis de relever que 69 % des répondants accordent une grande ou une très grande importance à « la fraîcheur » pour établir la qualité d’un produit alimentaire.

Mais, pourquoi donner autant d’importance à «la fraîcheur »? Pourrions-nous revoir le tout pour pouvoir générer moins de gaspillage alimentaire ? Le défi de ce mois-ci est un premier pas dans ce sens. Celui-ci peut paraître banal, mais il ne l’est pas. Revoir sa construction de « la fraîcheur» pourra réellement vous aider à moins gaspiller à la maison. Pour vous rassurer, je suis la preuve vivante qu’on peut manger des aliments moins « frais », qui ont dépassé leur date de conservation. J’en mange à chaque jour à La Transformerie avec nos lunchs à base d’invendus d’épicerie et je suis en pleine santé!*

D’ailleurs, les dates de conservation ne fournissent pas toujours un reflet fidèle de « la fraîcheur » d’un aliment. Pour les entreprises, il s’agit plutôt d’une préoccupation de gestion du risque.

Comme élément complémentaire de réflexion sur « la fraîcheur », je me permets d’ajouter ceci: est- ce que les fruits et légumes qui sont cueillis avec un manque de mûrissement et exportés ici sont frais lorsqu’on les achète ?

Pour terminer, quand vous avez un aliment que vous trouvez moins frais, je vous suggère de voir ça comme un jeu pour le cuisiner. Par exemple, tirer avantage d’un poivron ratatiné en le faisant ratatiner davantage en le faisant rôtir entier au four entier. Par la suite, vous n’y verrai que du feu. Vous me suivez ? Une autre idée: raviver des feuilles de laitue flétries dans une eau glacée.

Au final, il s’agit de déconstruire ce concept de « la fraîcheur », de voir le tout sous un angle différent et positif. Tout ça pour dire: amusez-vous avec le défi du mois! Brisez les barrières de « la fraîcheur»!

* Pour mieux vous y retrouver, consultez l’article de RECYC-QUÉBEC sur le sujet! Cependant, manger des aliments dont la date de conservation a été dépassée n’est pas recommandé pour les personnes ayant un faible système immunitaire, les femmes enceintes et les enfants.

– Guillaume Cantin, directeur général et co-initiateur de La Transformerie